Jane Eyre de Charlotte Brontë
D’où vient que nous revenions toujours à Jane Eyre avec le même attrait ? Avec le sentiment d’y trouver le romanesque porté à un degré de perfection ? Sans doute, le roman offre un concentré de ce que le genre peut offrir : l’histoire d’une formation, l’affrontement d’un être solitaire avec sa destinée, la passion, la peur, le mystère. Il répond à ce qu’attendait Stevenson de toute fiction digne de ce nom : la lecture en est absorbante et voluptueuse. Absorbante, son intrigue habilement machinée tient en haleine le lecteur au point que l’éditeur, dit-on, lorsqu’il reçut le manuscrit, ne put en interrompre la lecture. Voluptueuse aussi, cette « romance » qui noue inextricablement la passion et la peur. On dirait presque que Stevenson pense à Jane Eyre lorsqu’il évoque (dans l’essai consacré à l’art de la fiction) le souvenir envoûtant d’un livre qu’il a lu dans l’enfance :