Débats sur les "signes visibles", questions d' "identité" et d'intégration des "valeurs occidentales" : depuis des années, les controverses médiatiques succèdent aux interrogations sur la place de l'islam en Occident. Elles s'accompagnent d'une montée de la peur, des replis identitaires et des slogans populistes. Et pourtant, l'islam occidental est en marche. Les musulmans d'Europe, du Canada comme des Etats-Unis se sont définitivement inscrits dans leurs pays respectifs.
En nommant ces derniers dar ash-shahada ("espace du témoignage"), ils y représentent leurs valeurs, dans une authentique contribution. Cet esprit de concorde, hélas, est mis à mal par une gestion de la "question musulmane "au gré des crises et du calendrier électoral. Les questions porteuses d'une vraie prise de conscience s'en trouvent esquivées : quelles conceptions de l'éducation, de la citoyenneté, de la participation sociale, politique, culturelle et économique découlent de cette appartenance entrée dans les faits ? Tariq Ramadan appelle les musulmans à assumer le "troisième âge" de leur présence institutionnelle en Occident pour s'engager, avec leurs concitoyens, autour de projets d'ouverture qui dépassent la seule référence islamique.