MON EX A APPELE-MOHA SOUAG-ONZE EDI
Monsieur Decour magouillait avec mon père; père que j’appelais Dujardin. Puisque dans ces vaudevilles ou dans ces tragédies absurdes jouées dans le théâtre de la vie autant que sur scène, il y a toujours les deux côtés, cour et jardin! Les deux hommes faisaient leur business sur le dos des techniciens, des figurants ou des acteurs. Ils gagnaient leur argent en diminuant de moitié celui des plus démunis, des ignorants et, pire, se faisaient passer pour des saints compatissants qui prenaient de leur précieux temps et de leur vie familiale pour offrir du travail et du pain à des centaines de paysans ou de chômeurs qui, pour faire une figuration payée au salaire des USA, de l’Allemagne ou de la France au Studio Atlas mais tronqués par les bienfaiteurs qui s’en occupaient, acceptaient l’humiliation. Et il fallait presque baiser les mains et les pieds des deux satrapes pour obtenir un petit passage anonyme devant des caméras cannibalesques du cinéma universel. J’assistais souvent à ces transactions sans rien y comprendre. Je servais à boire ou je rangeais avec eux les liasses de billets qu’ils répartissaient, au salon de la maison, pour payer les gens. Ces pauvres bougres les attendaient pendant des semaines sinon des mois après les tournages et les jours de paye pendant de longues heures sous le soleil térébrant de Ouarzazate, Zagora, Erfoud ou Merzouga. La quantité d’argent que j’avais vue était énorme. Si l’argent pouvait coller comme de la poussière sur mes vêtements, je serais devenu un homme très riche. Mon père me préparait à la relève.