ALBERTINE DISPARUE de Marcel Proust
L’oubli a dévoré l’amour. Effacement de l’être aimé : voilà ce qu’il reste ici d’Albertine pour le Narrateur. Ce roman entame le solde de la Recherche. Proust y analyse les phénomènes de la rupture amoureuse et de l’épuisement de la relation sous le poids du temps. "Mademoiselle Albertine est partie" : le départ ouvre le travail du deuil. Aux tentatives de faire revenir l’être aimé, aux soupçons intermittents sur ce départ (pourquoi, avec qui ?) répond la résignation face à la mort redoutée d’Albertine. Et si elle était vivante ? L’amour, lui, ne l’est plus. L’oubli a déjà fait son travail. Voilà Albertine remplacée par le souvenir et le divertissement du voyage. Elle laisse le Narrateur face à lui-même, face à sa solitude, face à la nécessité d’exister autrement. Albertine disparue finit par être captive de l’oubli. L’emprisonnement dans une relation malheureuse n’est-il pas déjà une mort ? L’amour serait-il une impasse ? Ne resterait alors que la vie sociale et le cabinet de travail, qui seront l’issue du Temps retrouvé.