Le Coran, volume 2 : Sourates 20 à 114
Lors de sa parution, l'essai de traduction du Coran proposé par Jacques Berque a été salué par les lecteurs et la presse comme un événement important. Depuis, cet Essai de traduction du Coran a été plébiscité par la communauté scientifique. La réédition d'aujourd'hui reprend le travail de relecture et de correction mené par l'auteur en 1995. C'est donc l'édition définitive, épurée, annotée et suivie d'une étude érudite sur le travail de la traduction que le lecteur découvre (ou redécouvre) aujourd'hui, mais dans un format et une maquette entièrement repensés. Si le Coran est intraduisible comme le veut le credo arabe, il est certain que des lectures nouvelles en langues étrangères peuvent à tout moment en enrichir notre compréhension et nous aider à mieux percevoir les ressources infinies d'un Livre datant du VIIe siècle, et qui contient pas moins de 114 chapitres et 6219 versets.
Jacques Berque s'explique longuement sur les choix techniques qu'il avait pris et sur le parti de traduire le Saint Coran non pas de manière littérale, mais de manière sémantique. Dans cette perspective, certaines images ou métaphores peuvent être utilement rendues par des termes emblématiques dans la langue d'arrivée. Inversement, il faudrait plus de mots pour traduire des notions symboliques qui ne connaissent aucun équivalent direct. Jacques Berque a opté pour une poétisation de la langue de traduction, ici le français, pour rendre plus joliment que d'autres traducteurs des mots comme : "dénégateurs" pour mûnafiquîn, là où l'on acceptait docilement le mot "hypocrites", ce qui visiblement nous éloigne du sens initial. Il importait surtout à Jacques Berque de rendre le beau phrasé arabe du Coran, fluide et assonancé, par des tournures de phrases qui soient bien rythmées et stylisées. Pari tenu. --Malek Chebel