La régente de Carthage Main basse sur la Tunisie Catherine GRACIET, Nicolas BEAU
Dans une atmosphère de fin de règne, la Tunisie du général président Zine el-Abidine Ben Ali a vu son épouse, Leila Trabelsi, jouer depuis plusieurs années un rôle déterminant dans la gestion du pays. Main basse sur la Tunisie : telle semble être l’obsession du clan familial de la « présidente », comme le relatent en détail les auteurs de ce livre, informés aux meilleures sources et peu avare en révélations. Du yacht volé à un grand banquier français par le neveu de Leila à la tentative de mainmise sur les secteurs clés de l’économie, les affaires de la famille Trabelsi se multiplient sur fond de corruption, de pillage et de médiocrité intellectuelle.
Mais la surprise dans cette triste vie du sérail tunisien vient de la forte personnalité de Leila, bien plus proche d’une Catherine de Médicis que d’une courtisane de boudoir. Son appât du gain et son habileté à placer les siens en font la digne héritière de Wassila Bourguiba, qui gouverna la Tunisie dans l’ombre d’un président vieillissant et malade. Connue pour la place faite aux femmes dans la vie publique, la Tunisie est le seul pays arabe où l’épouse du chef de l’État puisse prétendre à un tel rôle. Après l’influence, le pouvoir ? Alors que se préparait une nouvelle élection présidentielle truquée de Ben Ali, Leila tentait de se poser en régente, avec l’aide des siens et le silence complice de la France.
Nicolas Beau et Catherine Graciet plongent ici dans les arcanes, les alliances et les trahisons d’un pouvoir familial mesquin et perverti, qui tient lieu d’État dans une société à la dérive. Et où tous les signaux ? politiques, économiques et sociaux ? passent